Le Wabi Sabi est une démarche typiquement Japonaise, inspirée par le Bouddhisme Zen. WABI évoque la simplicité et SABI l’usure du temps qui passe. Le Wabi Sabi est donc à la fois une philosophie et un concept esthétique basé sur l’acceptation du cycle naturel de la vie. En effet tout s’altère, se fane et se détériore.
Mais le travail du temps confère aux choses une beauté particulière. Un objet ancien est plus intéressant qu’un objet neuf, car la patine de l’ancien est chargée d’émotion. Cette tendance s’affiche en décoration depuis un certain temps : on privilégie les matières brutes et naturelles, les objets usés et recyclés comme dans le STYLE SHABBY anglais (ci dessus mobilier Maison du Monde). Et l’on préfère le fait main à la fabrication industrielle, la simplicité à l’extravagance.
La céramique RAKU aux irrégulières craquelures est une belle expression de cette tendance. De même la technique du KINTSUGI (venu aussi du Japon) répare les porcelaines cassées avec une laque mélangée d’or, d’argent ou de platine : il s’agit d’intégrer la cicatrice en la rendant visible dans la nouvelle pièce au lieu de la camoufler. Ce processus génère quelque chose d’encore plus beau que l’original.
Dans la création artistique, il faut rester modeste et authentique. On ne doit tomber dans le piège du perfectionnisme, qui mène souvent à une impasse, mais au contraire valoriser les imperfections qui rendent une oeuvre unique. Les effets d’image inachevée, tachée ou détériorée (altered en anglais) et les effets de texture en Mixed Media (technique mixte) participent de cette démarche… comme les textures de papiers déchirés qui ont une certaine esthétique.
En effet, depuis les annnés 1950, Jacques Villeglé, artiste du mouvement Les Nouveaux réalistes, a fait entrer les affiches arrachées des murs de la ville dans les galeries et les musées ! Du coup, la déchirure devient une démarche artistique à part entière que beaucoup se sont appropriée.
Et dans la Mode, le Jean usée et même déchiré est le Must du Look Grunge !
Léonard de Vinci disait « La simplicité est l’ultime sophistication ». Accepter les défauts et savoir les sublimer est bien plus difficile que de s’acharner à fignoler les détails pour obtenir un résultat parfait mais sans aucune personnalité. Il faut savoir assumer les maladresses pour en faire une force.
Tout à fait d’accord sur le chapitre « la simplicité est l’ultime sophistication ». J’ai effleuré la technique du raku lors d’une journée de stage, c’était un moment magique de découvrir les pièces après l’enfumage. Rien n’est maîtrisé.
Oui, le Raku c’est sublime ! il faut cesser de vouloir tout maitriser et laisser faire le hasard…