Pour moi l’Afrique est avant couleur Indigo à l’image des Touaregs, les magnifiques hommes bleus du désert vétus des tissus teints dans les puits du Mali et du Niger.
La teinture indigo est pratiquée depuis l’Antiquité partout où pousse cette plante tinctoriale, chaque région ayant ses méthodes de fabrication, de l’Egypte au Pérou en passant par le Japon. Cette Teinture du Diable (ainsi désignée parce qu’elle passe du jaune au bleu au contact de l’air) deviendra royale en France quand le roi Louis 9 se l’appropriera.
En Afrique (comme au Japon) les feuilles d’indigotier sont toujours récoltées à la main, puis séchées et compressées pour fabriquer des boules de pâte d’indigo. Les motifs sont réalisés à l’aide de nœuds et pliages. Au japon, on appelle cette technique le SHIBORI.
Un artiste contemporain s’est approprié cette technique de pliage et teinture pour en faire des oeuvres d’Art : Simon Hantaï (1922-2008).
J’ai envie de mettre de l’indigo dans ma déco, surtout avec des tissus teints selon des techniques artisanales traditionnelle, pas faciles à dénicher, à moins de les fabriquer soi-même…
Et si l’on se promène sans l’antique cité de Chefchaouen au Maroc, on est ébloui par la peinture bleue qui sublime murs, portes et fenêtres. Mais dans toutes les Médinas d’Afrique du Nord (comme en Grèce et au Portugal) les ouvertures sont bordées de ce bleu indigo qui tranche sur le blanc des murs. Cette couleur vibrante a une fonction particulière : celle d’éloigner les moustiques. C’est une méthode aussi écologique qu’artistique ! Ce bleu est extrêmement poétique car il évoque le ciel et la mer, un espace visuellement infini, à la fois matériel et immatériel.
La maison musée d’Yves Saint Laurent à Marrakech est du même bleu africain.
Peut-être que le grand artiste Yves KLEIN (1928-1962) a été inspiré par ce bleu d’outremer pour lui consacrer toute son oeuvre monochrome.